Latex Revolution
Les modèles en latex du jeune créateur de mode Arthur Avellano ont un je-ne-sais-quoi d’insolent qui ne vous échappera pas. Le jeune designer français s’affranchit – en toute humilité – des codes habituels de la mode et nous amène à nous questionner sur le sens de la désobéissance, de la libération, de la diversité et de l’éco-responsabilité. Des thèmes en phase avec notre époque.
Photo : @diane_campclaude. Style : @nicolas_dax. Make up : thierry.do.nascimento. Models : @orgensia et @mengyume
Arthur Avellano a toujours été un artiste. Sa carrière a débuté à l’école des Beaux-Arts de Toulouse, dans le sud de la France. Le stylisme et la mode sont venus plus tard. « Je ne savais pas du tout que je pouvais être intéressé par la mode, » raconte-t-il en se remémorant ses débuts « dès le départ, mon processus créatif intégrait l’usage du latex ; j’en utilisais déjà à l’époque de mon passage aux Beaux-Arts, lorsque j’étudiais le design graphique. J’expérimentais l’impression de formes sur le latex, je réalisais des patrons en latex… C’est alors que j’ai commencé à créer mes premiers vêtements dans cette matière.
C’est cette recherche perpétuelle d’originalité dans la création artistique qui a conduit Arthur à créer son propre style et sa propre marque. Lorsque je lui demande d’où lui vient cette inclinaison à bousculer les codes, il répond : « Je ne sais pas vraiment, j’imagine que c’est tout simplement mon caractère. Mes modèles naissent de ma façon de travailler, plus que de ce que l’on m’a appris à l’école. Le processus créatif que j’ai appris lors de mes études [dans la mode] était très codifié. Mais j’ai su m’affranchir de cet apprentissage : ainsi, je commence d’abord à penser aux coloris, avant de travailler sur les formes. Cela n’a rien à voir avec ce que l’on m’a enseigné. J’aime expérimenter, créer à ma manière : c’est ma façon de travailler.
Photo : @diane_campclaude. Style : @nicolas_dax. Make up : thierry.do.nascimento. Models : @orgensia et @mengyume
Au sein des collections d’Arthur, le latex n’a pas vocation à faire des pièces trop sexy. Pourtant, il n’a pas fait le choix d’un matériau aux connotations si sexuelles totalement par hasard. «Il est possible d’utiliser cette matière, qui peut être associée au fétichisme, d’une manière beaucoup moins « nightlife », » explique Arthur. « Cela transforme des pièces basiques, esthétiques mais très classiques, car j’y ajoute un volume qui les rend uniques et, à mon sens, plus intéressantes. L’idée étant de faire une sorte de clin d’œil, d’ajouter une dimension plus sexy à mes collections. »
Depuis sa collection printemps/été 2019, Arthur Avellano a décidé de ne plus utiliser de cuir. S’il utilise du latex depuis 2013, une période où la question de l’écologie ne se posait pas encore pour lui, il se rend compte aujourd’hui que cette matière représente une alternative très intéressante au cuir. Le designer travaille en étroite collaboration avec ses laboratoires afin de développer un latex hybride, dont les propriétés sont similaires au cuir et qui lui offre de multiples possibilités en termes de texture, drapé ou de finition. « Initialement, je ne cherchais pas à utiliser le latex dans une démarche éco-responsable… mais aujourd’hui il me permet d’être plus en phase avec les préoccupations actuelles, en remplaçant le cuir. »
Sa marque brise les codes de bien des manières : ainsi, les mannequins qui défilent pour Arthur Avellano ne répondent pas aux critères de l’industrie de la mode, que ça soit par leur look, leur taille, leur genre, leur âge et leur couleur de peau. Là non plus, ça n’est pas un choix intentionnel ou guidé par une tendance : cela correspond tout simplement à la vision d’Arthur. Un sujet très important pour le créateur : « Je ne choisis pas mes modèles sur des critères physiques, je les choisis parce qu’il dégagent quelque chose d’intéressant. Ça ne m’intéresse pas de faire défiler des mannequins qui mesurent 1m85, je préfère travailler avec des personnes que vous pourriez croiser dans la rue tous les jours. Il m’arrive de faire des défilés avec des chanteurs, des danseurs, des acteurs, qui ne répondent pas forcément aux critères de la mode. C’est ce genre de personnes que je veux voir porter mes vêtements. »